La première Maison de la culture est fondée en 1936 à Paris, rue d'Anjou, par Louis Aragon. L’« Association des Maisons de la culture » est créée dans le prolongement de l'Association des écrivains et artistes révolutionnaires, dans le contexte du Front populaire. En 1937, Albert Camus dirige la Maison de la Culture d'Alger. Le terme apparaît également dans la bouche d'André Malraux et Gaëtan Picon, militants de la Ligue des intellectuels contre le fascisme.
Nommé ministre des Affaires culturelles en 1959, Malraux relance cette notion, en l'évoquant au Festival de Cannes de 1959, à travers les ciné-clubs qui devaient y prendre place. Le 17 novembre suivant, il annonce aux députés qu'une maison de la culture par département devrait voir le jour avant trois ans, afin que « n'importe quel enfant de seize ans, si pauvre soit-il, puisse avoir un véritable contact avec son patrimoine national et avec la gloire de l'esprit de l'humanité ».
En mars 1961, la Commission de l'équipement culturel et du patrimoine artistique du IVe plan acte l'ouverture de vingt maisons de la culture en quatre ans.
Lors de son discours à l’Assemblée nationale en 1966, Malraux souligne la mission et l’intérêt des maisons de la culture, symbole de son action au sein du nouveau ministère des Affaires culturelles : « il s'agit de faire en sorte que chaque enfant de France puisse avoir droit aux tableaux, au théâtre, au cinéma, etc., tout comme il a droit à l'alphabet » (Présentation du budget des affaires culturelles, 27 octobre 1966, J.O. Débats Assemblée nationale, n° 88, 28 octobre 1966, p. 3974-3992).
- 24 juin 1961 : inauguration par André Malraux de la maison de la culture du Havre avec la projection de Napoléon d’Abel Gance.
-24 avril 1963 : inauguration de la maison de la culture de Caen.
-18 avril 1964 : Inauguration de la maison de la culture de Bourges.
- 1965 : création de la maison de la culture de Firminy.
- 19 mars 1966 : inauguration de la maison de la culture d'Amiens.
- 1966 : création de la maison de la culture de Thonon.
- 28 octobre 1966 : la direction du Théâtre de la musique et de la direction culturelle prend l'appellation de Direction du théâtre et de la maison de la culture.
- octobre 1966 : Francis Raisin est nommé directeur du théâtre et des maisons de la culture au ministère des affaires culturelles en remplacement de Emile-Jean Biasini.
- 13 février 1968 : discours d'inauguration de la maison de la culture de Grenoble : « La maison de la culture ne répond nullement à un besoin de distraction [...] La première raison d'être de cette maison de la culture, c'est que tout ce qui se passe d'essentiel à Paris doit se passer aussi à Grenoble [...] Tout ce qui appelle la participation du public est bon. ».
-21 décembre 1968 : inauguration de la maison de la culture de Rennes.
- 2 avril 1969 : La direction du Théâtre et des maisons de la culture prend l'appellation de direction des Spectacles de la Musique et des Lettres.
Exception faite du Théâtre de l’Est parisien (inauguré en 1964), qui est une réalisation de l’État, les maisons de la culture sont financées en principe à parts égales par l’État et par chacune des villes intéressées. Elles sont gérées par des associations dans lesquelles l’État et les villes sont représentés, mais minoritaires, et dirigées sur le plan artistique par un animateur.
Les maisons de la culture rencontrent rapidement des difficultés :
-La démarche d’accès élargit à la culture, n’a été mise en œuvre par Malraux lui-même, assisté de E.-J Basiani, que dans 7 villes et non dans 95 départements comme il l’avait espéré.
- Elles ne sont pas toujours administrées comme il le faudrait et on n'a pas trouvé un bon système de rapports entre leur direction, la municipalité et l’État. Elles excèdent parfois les possibilités financières des villes intéressées;
- Il est difficile de faire la part entre les statuts des maisons de la culture et des centres de création dramatique (chorégraphiques, musicaux, lyriques).
- Leurs activités manquent de diversité (prédominance du théâtre).
- Se pose le problème des équipements, les bâtiments des maisons de la culture relèguent au second plan les bibliothèques, discothèque et expositions. Il faut réadapter l’équipement aux uns et aux autres.
- Les responsables des maisons de la culture se retrouvent donc pris en tenaille entre la culture telle que la conçoit le ministère Malraux – qui se soucie fort peu des moyens à mettre en œuvre pour toucher le public le plus défavoriser- la volonté des municipalités de retourner aux spectacles de divertissement, et le ressentiment des associations qui ne trouvent pas dans les maisons de la culture le lieu d’expression qu’elles souhaitent.
Aujourd’hui plus de 60 scènes nationales se sont développées en France en s’inspirant du concept des maisons de la culture et de nombreuses institutions classiques ont intégré le principe de la pluralité des disciplines artistiques : bibliothèques, théâtre municipaux, festivals « spécialisés », musées, écoles d’art.